Illustrations des idées

rockerMais ces idées, comment les « faire passer » ? L’exposé, l’explication de textes seront souvent nécessaires – mais s’y limiter serait une erreur. Aussi faut-il « illustrer » la Téfila, et voici quelques réflexions sur les moyens possibles (on trouvera dans la troisième partie de ce fascicule des documents utilisables).

1. Chants

Le chant est, à tous les niveaux, le moyen le plus pratique. Mais encore faut-il bien remarquer quelques points. Il ne s’agit pas de chanter machinalement, comme en n’importe quelle circonstance : les chants sont choisis en fonction des idées qu’ils véhicules ; aussi conviendra-t-il d’expliciter rapidement (une brève traduction peut ici suffire) leurs thèmes principaux. On ne chante pas pour chanter (dans le cadre de la Téfila), mais parce que le chant est un moyen agréable de faire passer une idée particulière de la Téfila.

Le chant, même explicité, ne doit pas devenir une routine.

On chantera donc autant que possible des chants chaque jour différents.

- Les chants peuvent remplacer des textes (pour des unités « inexpérimentées » dans le domaine de la Téfila) : par exemple, il est possible de substituer à Achré (Psaumes : découverte d’un monde cohérent) un chant, dont les paroles soient extraites d’un autre psaume, et ayant un thème similaire, tel que Essa ‘énay el éharim. Mais le chant peut servir à illustrer, à compléter, à rendre plus explicites les textes mêmes.

- Il ne semble pas que le chant puisse être le ferment d’une quelconque extase mystique. Il ne s’agit pas de susciter une émotion -mais de rendre accessibles des idées. L’évanouissement de la conscience dans la ferveur chantée n’a pas grand-chose à voir avec la Téfila authentique, éveil et réveil de la conscience.

2. Poèmes

Ce que les textes de la Téfila expriment d’une d’une manière magnifique, mais trop dense et trop accessible pour qui ne leur est pas familiarisé, il est possible de le transmettre au moyen (dans un premier temps) d’autres textes, moins riches, mais plus faciles, et qui, au lieu de véhiculer une multitude d’idées, n’en n’exposeront qu’une. Ces textes pourront être des poèmes, juifs (traduits) ou non.

Quelques remarques:

- La recherche de poèmes s’opère à partir d’une idée de la Téfila que l’on veut transmettre (travail long, qui exige un large éventail de textes, et donc à faire bien avant le camp).

- Si l’on choisit des textes non-juifs, on prendra soin d’éliminer tous ceux véhiculant des idées chrétiennes ; aussi les recherches s’effectueront-elles de préférence parmi les textes du 20ème siècle, plus libérés d’une telle emprise (de même, si l’on choisit un texte juif, on ne prendra pas une traduction christianisante).

- Bien entendu, on ne retiendra pas de textes religieux (particulièrement non-juifs) : aucune équivalence n’est rigoureuse entre deux systèmes de pensée.

On trouvera plus facilement des textes illustrant les idée d’éveil, de découverte du monde (de la nature, etc…), de découverte de l’autre (le dialogue, l’amour…).

- Il ne faut pas se limiter aux «poèmes» au sens précis du terme des textes narratifs (surtout à la branche cadette), voir dramatiques, peuvent fort bien convenir.

- Enfin, on ne négligera pas la Bible comme recueil poétique (plutôt au niveau des Perspectives à condition de disposer d’une traduction possédant une valeur littéraire).

3. Midrachim

On parle souvent comme illustrations de la Téfila de Midrachim ; on entend par là de petites anecdotes édifiantes. Mais il faut être extrêmement prudent dans le maniement de ces textes :

- d’une part, ils sont souvent tirés d’ensembles plus vastes où leur fonction structurelle est bien plus importante que leur contenu anecdotique (ainsi les citer hors de ce contexte, c’est les dénaturer grandement).

- d’autre part, écrits voici quelques siècles, ils sont marqués par leur époque (de même que les textes de la Téfila) et l’on ne peut les retransmettre tels quel sans réajustement, sans traduction (au niveau des idées).

- les midrachim traduits en français l’ont souvent été dans un esprit de religiosité un peu béate et moralisatrice, alors que les trois quarts du temps leur intention était ironique, et leur portée d’ordre métaphysique (et non moral).

- de plus, les « midrachim » d’origine ‘hassidique sont parfois porteurs d’éléments étrangers au Judaïsme (influence très vive des milieux dans lesquels est né et s’est développé le ‘hassidisme).

Donc, le «midrach» peut être un moyen intéressant, mais qu’il faut manier avec beaucoup de précautions, et utiliser « au second degré ».

4. Traductions

Il ne semble pas qu’il faille lire de traductions des textes de la Téfila. Du moins comme on lirait un poème ; il faut plutôt expliquer ces textes, les mettre à la portée des jeunes.

5. Exposés, commentaires, explications

Le « baratin » interviendra de toute façon. Mais pas plus d’une fois par office (sinon de temps à autre pour rappeler une idée). Les conseils paraissent évidents : clarté, brièveté, effort en vue d’une compréhension par tous. Mais surtout il faut éviter moralisations et sermons. Le thème doit être autant que possible choisi dans la vie et illustré par des exemples pris dans l’expérience de l’animateur et des jeunes.

6. Variété

Mais une règle générale devrait être à la base des réalisations d’offices, quel qu’en soit le « degré » : varier la présentation pour éviter le caractère de répétition machinale. Si l’on inclut chants, poèmes, ne pas observer toujours le même schéma de présentation. Chercher des airs nouveaux, préparer peut-être un office avec instruments de musique Faire en sorte que chaque jour l’office ait un visage nouveau !

7. Quelques conseils

Pour finir, en vrac, quelques conseils plus pratiques :

- tous les animateurs doivent participer à l’office

- on ne mobilise personne pour la cuisine ou autre chose (on peut très bien faire en sorte que le petit déjeuner soit prêt avant l’office)

- faire participer les jeunes le plus possible, non pour qu’ils lisent en élèves méritants les textes, mais pour que de leurs interrogations surgissent les idées majeures

- prévoir, au camp, un lieu d’office, non pas un Temple Sacré, mais lieu où se constitue, non pas cérémonialement, mais chaleureusement, la communauté (la bibliothèque peut y trouver sa place)

- on disposera de sièges (bancs) : il est inutile que la majeure partie de la Téfila se fasse debout (seuls quelques textes doivent être dits debout)

- si les conditions d’installation sont mauvaises, les meilleures explications se perdront dans les claquements de dents, ou les douleurs d’une crampe. Veiller donc au confort matériel de la Téfila !

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