Selon la tradition juive, toute l’histoire d’Israël commence avec un homme solitaire, Abraham.
Il est le premier à proclamer, en butte à un environnement hostile (Chaldée), les principes du monothéisme (±1700 avant EC, l’ère commune).
La tradition relate que Dieu conclut alors une alliance privilégiée avec Abraham.
- L’alliance
- L’idéal de justice
- L’universalisme
- L’exil
- La terre promise
Abraham a deux fils :
Isaac a deux fils issus de l’union avec Rébecca :
Jacob a douze fils (issus de ses unions avec Rachel et Léa), ancêtres des douze tribus d’Israël.
La famille juive émigre en Egypte, poussée par la famine. Au début, les conditions y sont extrêmement favorables. Mais à la suite de bouleversements politiques, la situation des juifs se dégrade : réduits à l’esclavage, ils sont bientôt menacés d’extermination.
Mais Dieu n’abandonne pas le peuple juif, et sous la conduite de Moïse, enfant juif recueilli à la cour du Pharaon, ils sortent d’Egypte, au milieu de nombreux prodiges. C’est l’Exode (± 1500 avant E.C.), acte fondateur du peuple juif.
A la suite de la sortie d’Egypte, Moïse mène les Juifs dans le désert, jusqu’au pied du Mont Sinaï. Dieu y révèle alors au peuple juif la Tora et les Dix Commandements.
Par ailleurs, la « Révélation » du Mont Sinaï n’est pas la révélation de l’essence de Dieu (celle-ci étant inaccessible à l’entendement humain) mais la révélation de Sa Tora.
Après une errance de 40 ans dans le désert, le peuple juif conquiert la terre promise.
D’abord organisé en fédération, il se constitue en royaume, dont l’apogée est atteinte avec le roi Salomon (± 1000 avant E.C.) qui construit le Premier Temple de Jérusalem. Toutefois, à la mort de Salomon, survient un schisme (± 933 avant E.C.) ; deux royaumes rivaux se constituent sur les dépouilles de l’ancien royaume.
Ces deux royaumes abandonneront peu à peu les enseignements de la Tora, pratiquant l’idolâtrie et sombrant dans la corruption. Ils se livreront des guerres incessantes jusqu’à leur destruction finale (définitive pour le royaume d’Israël, temporaire pour le royaume de Juda).
Cette période (schisme, destruction, restauration du royaume de Juda) est la grande époque du prophétisme : directement inspiré par Dieu. Les prophètes ne sont pas de simples devins : ils ont pour fonction d’annoncer à leurs contemporains l’imminence de terribles catastrophes s’ils persistent dans leur mauvaise conduite.
Dieu, en effet, voyant qu’ils avaient abandonné leur mauvaise conduite, n’accomplit pas sa menace. Conclusion : un bon prophète est un prophète qui se trompe.
Les prophètes exigent une mise en pratique sans concession des idéaux de la Tora, et développent en particulier deux thèmes : il ne suffit pas d’exécuter les devoirs du culte. Dieu demande en effet la plus haute moralité dans les rapports humains, ainsi que la justice sociale.
Enfin, après avoir longuement prophétisé sur la destruction des royaumes juifs, ils annoncent dans une vision grandiose la renaissance d’Israël, ainsi que l’ère messianique, ère de justice et de paix définitives pour toute l’humanité.
« Les peuples ne brandiront plus l’épée l’un contre l’autre.»
De retour de l’exil babylonien (- 536 EC ), les Juifs reconstruisent le temple de Jérusalem, reconquièrent leur indépendance contre les Gréco-Syriens, et restaurent le royaume de Juda. Toutefois, l’État juif finit par succomber face à la puissance romaine, malgré une résistance acharnée (ultime révolte : +135 EC).
Les conflits avec les occupants successifs n’ont pas toujours pour objet l’indépendance politique. Ce sont souvent les tentatives d’interdire la pratique religieuse qui déclenchent les insurrections et leur confèrent une telle âpreté.
Le monde juif subit alors de profondes mutations qui déterminent encore, dans une certaine mesure, son actuel visage.
Le peuple juif perd toute souveraineté pour deux millénaires…
… et devient un peuple dispersé.
En fait, le processus de dispersion avait débuté bien auparavant, et souvent de plein gré. Toutefois, avec la conquête romaine, la Palestine se vide de ses habitants juifs, jusqu’à n’en plus compter qu’une petite minorité.
Pharisiens et Sadducéens
Les Sadducéens
Attachés au Temple, représentant les prêtres, peu populaires, les sadducéens disparurent avec le Temple.
Les Pharisiens
Proches du peuple, ils donnèrent au judaïsme le visage qu’on lui connaît encore aujourd’hui :
– rôle essentiel des rabbins, enseignants et commentateurs de la Tora.
– importance des synagogues, comme lieu d’enseignement de la Tora.
Le Temple détruit, le peuple dispersé, le judaïsme pharisien était bien adapté aux nouvelles conditions.
La naissance du Talmud
Il était interdit de consigner par écrit la loi orale. Toutefois devant les problèmes posés par la dispersion juive, les rabbins de Palestine, sous la direction de Rabbi Yehouda le Prince, décidèrent d’en rédiger une partie, au 3e siècle EC ; le titre de ce premier ouvrage est « Michna » (enseignement).
LE GRAND EXIL
jusqu’au XVIIIe siècle
Deux grands centres dans l’Antiquité : Empires babylonien et romain.
Conditions favorables…
- À Babylone, les Juifs bénéficient d’une quasi-autonomie politique et religieuse, sous la direction de leur chef, « l’Exilarque ». L’activité intellectuelle y est très brillante (élaboration du Talmud).
… malgré une opposition intellectuelle.
Changement de décor progressif avec le triomphe du christianisme.
Les Juifs en terre chrétienne
D’une manière générale, c’est « à l’ombre de la croix » que les Juifs ont connu leur destin le plus tragique (exterminations du Moyen-Âge, expulsion d’Espagne, génocide 1939-45).
A la racine de « l’enseignement du mépris », un conflit d’héritage (entre autres).
L’Église se veut le véritable héritier d’Israël, le « Verus Israël ».
Israël est, quant à lui, accusé de déïcide.
La rivalité idéologique, exacerbée par le succès du prosélytisme juif, aboutit peu à peu à des mesures restrictives de la part de l’Église :
Les Juifs parviennent pourtant à occuper les quelques espaces de tolérance offerts par la société chrétienne, et non sans succès : ils sont amenés à jouer un rôle considérable dans le dans le développement des circuits commerciaux et bancaires, du moins jusqu’aux Croisades. Cette adaptation est d’ailleurs favorisée par les aspirations propres aux communautés juives elles-mêmes.
- Expulsion d’Angleterre : 1290
- de France : 1394
- d’Allemagne : 1350-60
- d’Espagne : 1492
Les violences meurtrières seront souvent le fait du bas-clergé, de potentats locaux et de hordes inorganisées.
Les autorités supérieures joueront parfois un rôle modérateur :
- les Juifs seront à l’abri dans les États du Pape.
- l’Eglise développe même la théorie du « peuple-témoin »
Le cas spécifique de l’Espagne
De l’âge d’or judéo-espagnol…
Sous le règne de l’Islam, les Juifs avaient bénéficié de conditions particulièrement heureuses. Au début du processus de « Reconquista » chrétienne, celles-ci se sont maintenues un temps et on a pu évoquer un véritable âge d’or, les Juifs occupant souvent des fonctions proches du pouvoir.
C’est de la période judéo-espagnole que date l’expansion de la Cabbale, commentaire ésotérique de la Bible. Au XIIIe siècle, un juif espagnol, Moïse de Léon, aurait publié le « Zohar », oeuvre majeure de la Cabbale. Il aura une influence consolatrice certaine sur les communautés d’Europe, laissant entrevoir la libération finale à l’heure des massacres et expulsions.
Pourtant, avec l’achèvement de la Reconquista…
… à l’expulsion (1492) et à l’antisémistisme racial.
Du fait de l’Inquisition, un tiers des Marranes fut brûlé dans des « Autodafés » (Actes de foi).
Et en 1492 fut décrétée l’expulsion des Juifs d’Espagne (± 300 000 personnes).
D’un autre âge d’or à un âge de cendres : Pologne et Russie
Appelés au Moyen-Âge par les rois polonais désireux de se constituer une armature commerciale et financière, les Juifs chassés d’Europe occidentale s’installent en Pologne. Ils bénéficient au début d’une autonomie civile et religieuse, et d’une grande prospérité matérielle. Toutefois, avec la perte croissante de l’indépendance polonaise, les Juifs retrouvent leur place familière de boucs-émissaires.
Pour ces communautés autrefois florissantes, l’heure des souffrances a sonné :
- déclin matériel allant jusqu’à la misère.
- antisémitisme virulent jamais démenti jusqu’à nos jours, tant de la part de l’État que des populations et du clergé orthodoxe russe et catholique polonais.
En cette noire période surgit des profondeurs du judaïsme russo-polonais un nouveau mouvement : le ‘Hassidisme.
En Europe orientale, les Juifs vivent groupés au sein de petites bourgades où la population est parfois exclusivement juive : c’est le Chtetl. La vie religieuse (et plus tard politique) y est extraordinairement intense. C’est de ce terreau que va croître le mouvement, apportant au judaïsme renouveau et fraîcheur.
Les juifs en terre d’Islam
Leur sort est infiniment plus clément que celui de leurs frères à l’ombre de la croix. Certes, ils sont parfois victimes d’explosions de fanatisme, et soumis à des mesures restrictives.
« Le juif y est plus méprisé que haï » (Poliakov).
On assistera même à une véritable « symbiose judéo-arabe » culminant en Espagne médiévale où les juifs occuperont souvent des fonctions proches du pouvoir : diplomates, médecins, financiers, etc…
C’est aussi à « l’âge d’or judéo-arabe » que naît la philosophie juive.
Maïmonide « l’aigle de la Synagogue », est l’auteur d’une autre grande oeuvre, exposé systématique de la législation talmudique : la « main forte ».
Vers le milieu du 17e siècle, le monde juif tout entier est secoué par un extraordinaire mouvement.
Toutefois le sultan, maître de la Terre Sainte, força Chabetaï Tsevi à se convertir à l’Islam sous peine de mort. Ayant soulevé un immense espoir, Chabetaï Tsevi conserva quelques disciples même après sa conversion, qui exercèrent une influence certaine sur l’évolution ultérieure du judaïsme.
Achkénazes et Séfarades
Au 18e siècle se distinguent déjà globalement deux grandes branches culturelles au sein du monde juif :
SÉFARADES - ESPAGNE
Ce terme désigne par extension les Juifs du bassin méditerranéen.
ACHKÉNAZES - ALLEMAGNE
Ce terme désigne par extension les Juifs d’Europe occidentale, centrale, orientale et des États-Unis d’Amérique.
Mais il ne s’agit en aucun cas de deux peuples distincts :
– la Tora reste la même.
- un code de loi unique, « la table dressée », a été accepté par l’ensemble du judaïsme depuis le 16e siècle.
Ce code est toujours en vigueur de nos jours.
- les échanges intellectuels sont fréquents.
- les migrations géographiques également.