Chef Fleg (à gauche) et Castor
[…] Une de ses oeuvres marquantes, brève mais dense, qui est un acte de foi émouvant, porte le titre : « Pourquoi je suis juif ». Dans ce livre édifiant, dédicacé « à mon petit-fils qui n’est pas encore né », l’auteur explique avec force et clarté à son descendant éventuel, les raisons de sa propre fidélité au judaïsme. Hélas, l’interlocuteur supposé, l’héritier tant souhaité et déjà nanti d’un riche legs spirituel, n’a pas vu le jour, car les deux jeunes fils d’Edmond Fleg sont morts tragiquement en 1940, presque en même temps, l’un sur le front et l’autre à Paris […] (Isaac Pougatch)
Document audio « Pourquoi je suis Juif » d’Edmond Fleg
lu par Francis Huster (durée 26 mn)
Je suis juif, parce que, né d’Israël, et l’ayant perdu, je l’ai senti revivre en moi, plus vivant que moi-même.
Je suis juif, parce que, né d’Israël, et l’ayant retrouvé, je veux qu’il vive après moi, plus vivant qu’en moi-même.
Je suis juif, parce que la foi d’Israël n’exige de mon esprit aucune abdication.
Je suis juif, parce que la foi d’Israël réclame de mon cœur toutes les abnégations.
Je suis juif, parce qu’en tous lieux où pleure une souffrance, le juif pleure.
Je suis juif parce qu’en tous temps où crie une désespérance, le juif espère.
Je suis juif, parce que la parole d’Israël est la plus ancienne et la plus nouvelle.
Je suis juif, parce que la promesse d’Israël est la promesse universelle.
Je suis juif, parce que, pour Israël, le monde n’est pas achevé : les hommes l’achèvent.
Je suis juif, parce que, pour Israël, l’Homme n’est pas créé : les hommes le créent.
Je suis juif, parce qu’au-dessus des nations et d’Israël, Israël place l’Homme et son Unité.
Je suis juif, parce qu’au-dessus de l’Homme, image de la divine Unité, Israël place l’Unité divine, et sa divinité.
Edmond FLEG, Pourquoi je suis juif (1928)
« Lève-toi comme un lion pour servir ton Créateur », tel est le commencement du grand code de la Loi juive.
Edmond Fleg, écrivain et philosophe, né à Genève en 1874, avait emprunté une tout autre voie que celle de la foi jusqu’à ce que l’affaire Dreyfus le persuade du sens qu’il donnerait désormais à sa vie: l’exemple d’un homme pleinement juif et français.
Haïm Korsia a été marqué tôt par la lecture d’Edmond Fleg. Il a reconnu dans l’engagement de son aîné un chemin fait de cette conviction que le judaïsme et la République partagent le même socle de pensée. Il suit ici l’itinéraire d’un homme qui s’est enrôlé dans la Légion étrangère pendant la Première Guerre mondiale et a été décoré de la Croix de guerre, et qui obtient bientôt la naturalisation française avant de publier son grand œuvre en 1927. Pourquoi je suis Juif est un appel au retour à l’étude de la pensée juive, qu’il ne va plus cesser d’approfondir de livre en livre. Il traduira également une partie de la Bible en français.