Dieu est Un.
La naissance du peuple juif est intimement liée à l’idée monothéiste. Abraham est le premier juif car il est le premier, selon la tradition juive, à proclamer les principes monothéistes.
MAIS, QU’EST-CE QUE DIEU ?
Les textes ne s’étendent pas sur cette question : l‘essence de dieu est jugée INCONNAISSABLE par l’homme.
Les quatre lettres du « Tétragramme », nom du Seigneur, dont nous ignorons la prononciation.
La représentation de Dieu, sous quelque forme que ce soit (image ou statue) est rigoureusement prohibée et considérée comme de l’idolâterie.
Le commentaire demande :
– Pourquoi la Bible commence-t-elle par « Beth », deuxième lettre de l’alphabet ?
– N’aurait-elle pas dû, toute à la gloire divine, commencer par « Aleph », première lettre de l’alphabet, symbole de l’unicité de Dieu ?
Une des réponses données est la suivante :
Examinez la forme du.
(Rappelons que l’hébreu se lit de droite à gauche).
Ainsi, le judaïsme proclame la primauté de l’action. C’est pourquoi l’essentiel des textes juifs est consacré plus à des prescriptions religieuses et morales qu’à des discussions théologiques.
On ne peut approcher Dieu que par sa relation au monde.
D’ailleurs, Dieu n’est pas un principe abstrait, Dieu est un être vivant, doté d’une personnalité, agissant … Quelle est l’activité de Dieu ?
Dieu est le créateur de l’Univers, création effectuée à partie du néant.
La tradition juive insiste sur l’idée…
… de Dieu Créateur, et la Bible commence précisément ainsi :
« au commencement - Créa - Dieu - le ciel et la terre ».
(traduction dans l’ordre des mots)
Dieu, maître de l’univers – L’homme, maître de la terre,
partenaire privilégié de Dieu.
Car Dieu ne se croise pas les bras (pour ainsi dire) afin de contempler sa création. Il intervient sans cesse et son intervention n’est pas arbitraire ; elle a un sens moral.
Ainsi, pour le judaïsme, il n’y a pas de hasard, pas de fatalité.
Dieu est juste : « il punit et récompense ».
« Mais… C’est le mal et l’injustice qui règnent dans le monde ! »
Pour le judaïsme, l’essentiel est bien l’action.
Car, L’univers a un sens… Permettre à l’homme d’améliorer, de parachever la création par sa propre action, en « pratiquant la vertu et la justice ».
Le judaïsme récuse l’opposition entre « la foi » et « les oeuvres » : avoir la foi, c’est oeuvrer.
Dans cette perspective, l’homme a un rôle central : c’est le partenaire privilégié de Dieu.
L’homme présente un double aspect.
Précisément, la tradition juive postule la nette distinction entre le bien et le mal.
Si l’homme peut ressentir en lui une aspiration au bien et à la justice, il en ignore le contenu.
Ce contenu est défini par Dieu. Il est exposé dans la Tora, dépositaire de la parole divine, guide éternel pour l’homme dans sa recherche morale.
En effet, le judaïsme récuse toute morale qui découlerait d’une construction purement humaine. Celle-ci serait nécessairement imparfaite, tributaire d’un moment et d’un lieu donnés.
L’homme est doté du libre-arbitre.
Il a la possibilité de choisir en toute liberté entre le bien et le mal tels que la Tora les définit.
Libre, il est totalement responsable de ses actes, et devra, le moment venu, rendre des comptes au Créateur.
Ainsi, de même qu’il est impossible « de transgresser les lois de la nature sans en subir les conséquences nécessaires », il est tout aussi impossible « de transgresser les lois de la morale sans en être puni. La sanction est tout aussi inévitable dans ce cas que dans le premier » (Meyer Waxman). Cette idée est l’un des fondements de l’exigence de justice dans le judaïsme.
L’univers repose sur trois choses :
L’exercice de la justice doit être sans concession : si la sanction peut être clémente (le judaïsme répugne à la peine de mort), la responsabilité du coupable est affirmée clairement.
Il y a donc un lien entre la sauvegarde de ces valeurs et la bonne marche du monde. Selon la tradition, le libre-arbitre est conféré à l’homme à l’âge de treize ans. Cette accession au stade d’adulte religieux est marquée par la cérémonie de la « Bar-Mitsva » où le jeune homme revêt les phylactères, symbole des commandements qu’il est désormais tenu d’assumer.
Il psalmodie également un passage de la Tora :
« Le monde ici-bas est un corridor qui mène au monde futur.»
« Prépares-toi dans le corridor (accomplis de bonnes actions) avant de pénétrer au palais !»
Voici pourquoi l’Homme est supérieur à l’Ange :
- L’Ange, être immatériel, est dépourvu de mauvais instincts. Il n’a donc pas à lutter contre lui-même pour accomplir le Bien !
C’est pourquoi il n’a pas de libre-arbitre : il n’en a pas besoin !
Il n’accomplit que la volonté de Dieu.
- L’Homme, par contre, doit faire un effort, parfois considérable, pour choisir et accomplir le Bien : il n’en a que plus de mérite ! ! !
Le judaïsme n’aime pas la mortification.
Lutter contre la tendance au Mal, certes, mais non l’étouffer.
Il s’agit de discipliner ses tendances, de les mettre au service du Bien : « et tu aimeras Dieu de tes deux coeurs.»
Cette recherche permanente de l’autodiscipline est au coeur de la morale juive.
Sanction et rétribution.
De même que le monde physique est soumis à de strictes lois, de même, dans le monde de la morale, toute action entraîne sanction ou rétribution et, selon la tradition, c’est le premier jour de l’année juive, « Roch Hachana », que Dieu choisit pour examiner « l’âme de tout vivant » et déterminer « le terme de toutes les créatures ».
Dans le monde physique, toutefois, le déterminisme est de rigueur. Dans le monde moral, au contraire, la transgression n’entraîne pas une sanction immédiate. Dieu attend ; il espère que le pécheur se repentira et modifiera son comportement.
Qu’est-ce-que Dieu attend ?…le repentir !
Le repentir.
En hébreu, « Téchouva » = retour (à Dieu, sur soi) = réponse.
Il consiste en un examen de conscience et un regret sincère des fautes commises.
Pour que le repentir soit « efficace », pour que Dieu « passe du trône de justice au trône de miséricorde », il faut modifier effectivement son comportement.
Selon la tradition, il existe une période particulièrement favorable à l’exercice du repentir : c’est le temps des « dix jours de Téchouva », qui commence le Premier de l’an, et qui culmine au dizième jour, le « Yom-Kipour », ou jour de l’expiation.
En cette période, l’officiant procède à la sonnerie du « Chofar » (corne de bélier) afin d’inciter Dieu à la clémence car « il ne hait point le pécheur mais le péché ! »
Toutefois, le processus de Téchouva doit être accompli constamment.
POURTANT, SI LE REPENTIR EST EFFICACE…
…ET SI SANCTION ET RÉTRIBUTION SONT PARFAITEMENT ADAPTÉES AUX MAUVAISES ET BONNES ACTIONS…
Les commentaires s’étendent longuement sur ce problème.
1. Ce qui nous arrive en ce monde est au-delà de la compréhension humaine : nous ignorons les détours de la Providence, mais nous pouvons avoir la certitude qu’au bout du compte c’est le bien qui triomphera.
2. Dieu impose aux Justes des épreuves supplémentaires :
C’est la « souffrance d’amour » qui permet au juste de renforcer en lui-même une foi désintéressée.
3. Ni récompense ni sanction ne sont en général de ce monde : lorsqu’un homme meurt, son âme comparaît devant le Créateur, et le tribunal céleste procède à la pesée comparative des bonnes et des mauvaises actions.
Rétribution et sanction dépendront du résultat. Mais l’idéal est de servir Dieu de façon désintéressée.