« L'ignorance du passé ne se borne pas à nuire à la connaissance du présent : elle compromet, dans le présent, l'action même.» (Marc Bloch)

« Judaïsme et Juifs sont liés essentiellement. Je veux dire par essence. Ils sont, dans le va-et-viens de leur relation réciproque, indissociables. La clef doit s'appliquer à cette unité d'une doctrine et d'une société dans son unité essentielle.

Mais Judaïsme et Juifs sont liés aussi existentiellement. De là, une troisième fausse clef, qui serait de les aborder sans les voir dans le concret de l'Histoire.

(..) Or l'Histoire n'est pas pour l'entité Judaïsme-Juifs un accident, mais un élément constitutif de son essence. On ne séparera donc jamais cette entité de son devenir, de sa "jection", qu'elle soit rétrospective ou prospective. Judaïsme et Juifs portent avec eux, en eux, l'accumulation quantitative et qualitative d'une série d'événements passés, et la multitude imprévisible, mais inévitable, d'une autre série d'événements futurs.

Autrement dit : pas de clef du Judaïsme sans qu'elle soit prophétique, étant entendu que le prophète est "au poste d'aiguillage" de l'histoire et de l'utopie, de la réalité du déjà-vécu et de l'espérance, non moins réaliste, du pas-encore mais à-venir. Le devenir juif est au point de jonction de l'advenu et de l'avenir.»

André Neher (Clefs pour le Judaïsme, 1977, p. 7)