Ce qu’il faut sans doute commencer par faire, c’est (quand pour l’unité la Téfila est un acte machinal dont on ne perçoit plus la signification) recommencer à zéro.
Contrairement aux apparences, cet acte demande pas mal de courage : la routine de l’« office du Matin » (le fascicule El est si pratique !) est bien plus confortable. Surtout que faire autrement, c’est se remettre en question ! (mais n’est-ce pas là un sens important de la Téfila ?)
Or, se remettre en question chaque jour, c’est sans nul doute, fatiguant.
De plus, des questions annexes viennent aussitôt à l’esprit : commencer à zéro, oui, mais quand il y a des personnes de niveau différent dans l’unité, quand l’unité a déjà une certaine expérience de la «pratique» de la Téfila ? Et puis, cela veut dire quoi, «commencer à zéro»?
Répondons à cette dernière question et disons que le «niveau zéro» (pas de Téfila) ne devra pas exister, et qu’on devrait plutôt parler de niveau 1.
Niveau 1
Imaginons une unité faite de jeunes totalement étrangers à toute idée de la Téfila. Ce niveau 1 sera la mise en valeur d’une idée-référence de la Téfila, parmi les plus accessibles ; par exemple, l’idée de communauté :
Tout d’abord, le rassemblement d’une communauté : quelques chants par un noyau autour duquel s’agglomérera peu à peu tout le groupe. Puis l’explicitation de ce rassemblement : une communauté, oui ; mais qui sommes-nous ? Par delà notre Unité, notre Mouvement, le peuple juif. Quelques chants, et c’est tout (pour les chants, voir ce qui en est dit au paragraphe intitulé «l’illustration»).
Niveau 2
Le lendemain, niveau 2 : à cette idée de rassemblement communautaire, une autre idée, qui cette fois s’appuiera sur un texte : le début du Chéma et l’idée d’unité. Chaque jour donc, se greffera une «idée» nouvelle, appuyée autant que possible par un texte de la Téfila (traduit – expliqué – compris).
Chaque acquisition sera signifiée, expliquée, discutée. A la fin du camp, on devrait arriver, non pas à cerner la totalité des idées de la Téfila, mais un certain nombre d’idées essentielles et les textes fondamentaux .
Tâchons maintenant de répondre aux deux première questions. Tout d’abord, la « pratique » de la Téfila : l’Unité a l’habitude de faire la Téfila. Très bien, si cette Téfila est «signifiée» et ne se limite pas une émission de sons.
Mais alors même, il convient encore de progresser : textes nouveaux et, partant, idées nouvelles. Mais je doute que beaucoup soient dans ce cas. Ce qu’il risque d’y avoir plutôt, ce sont des unités où la Téfila existe comme pratique, mais est un rite dénué de sens.
Alors, même si nous conservons l’ossature textuelle (Chéma, Amida), ayons le courage de reprendre au commencement. Ayons le courage de nous remettre en question devant ces textes, de nous avouer que nous sommes pris par leur musique et par leur mécanique, mais que nous ne les avons pas véritablement intégrés.
Démarche alors semblable à celle que nous avons décrite plus haut à propos du niveau 1.
Quant à l’autre question, différence de niveau dans l’Unité, il n’y a pas de réponse à donner ! La «pédagogie» n’est pas un ensemble de recettes, chaque situation ayant ses caractéristiques propres : c’est l’animateur qui devra situer le niveau global. Mais il n’oubliera pas les principes généraux que nous avons énoncés, et surtout que la Téfila doit être pour tous l’occasion d’un enrichissement.
Rappelons encore que la dimension communautaire est capitale et que celui qui se désolidarise du groupe, sous prétexte qu’il est plus savant, commet un énorme contresens.